Medellín embrasse son histoire

Le passé violent de notre ville n’est un secret pour personne. Au cours des pires années, entre 1983 et 1994, nous avons eu 46 612 morts violentes à Medellín. 46 612 vies en moins, sans compter les années précédentes et suivantes. 46 612 personnes de moins, sans compter les autres villes et régions. 46 612 vies de moins, qui sont aussi des lits vides et des familles qui ne se sont jamais remis de leurs pertes.
Medellin a subi les violences narcoterroristes comme peu d’autres villes ou peut-être pas comme aucune autre. Ressusciter après avoir vécu cela est vraiment complexe. Et dans ce processus d’avancement, notre société a cessé, inconsciemment, de raconter sa propre histoire. Les journalistes et les universitaires l’ont dit, mais il n’y avait pas d’appropriation de l’histoire par les citoyens. En tant que société, nous nous concentrons sur les interventions urbaines, sur les programmes sociaux, sur la création d’emplois, qui sont des questions cruciales pour ce processus de reconstruction. Mais il est arrivé que d’autres se soient approprié l’histoire, faisant que les protagonistes soient les bourreaux.
C’est pourquoi nous avons décidé de lancer un projet axé sur la mémoire de la violence narcoterroriste. Nous racontons l’histoire des victimes et des héros par le biais d’une chaire dans les écoles, d’une visite de la mémoire, de projets pour les jeunes en danger, d’une salle supplémentaire qui y sera dédiée dans notre musée de la Maison de la Mémoire. Mais au-delà de toute initiative, il s’agit d’une conversation citoyenne pour comprendre pourquoi tout cela nous est arrivé, pour nous réconcilier avec nos ombres et pour mettre en avant, enfin, ceux qui le méritent.